Lettre des USA 1945

, par Renard

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PREAMBULE

Préambule :
Voici la copie d’une lettre de 1945 écrite par Robert M.********* à sa sœur Albertine (ma grand-mère).
Ce document a été recopiée le plus fidèlement possible sans corrections orthographiques dans le cadre d’un exercice de dactylo. L’original ne comporte pas d’accents (orthographe anglaise.)

L’orthographe laisse à désirer, mais comme il le dit lui-même : « les fautes de dictée ont toujours été ma plus grande faiblesse », ce qui ne l’empêche pas de réaliser de grandes tournures de phases à l’image de la première !
On remarque dans sont texte l’influence de la langue anglaise (plus de 30 ans aux USA) ainsi que quelques traces de patois.
Contexte :
À la mort de son mari Félix en 1912, mon arrière grand-mère Honorine a dû assumer l’éducation de ses 8 enfants âgés de 5 à 23 ans, à une époque où la rente de veuve et d’orphelin n’existait pas.
Robert, suite à de mauvaises fréquentations est revenu à plusieurs reprises amoché, les habits déchirés, résultat de bagarres (les tensions politiques à Chamoson était fortes en cette période) ce qui a exaspéré Honorine qui avait bien assez à faire sans en rajouter. (cette info m’a été donnée par mon oncle R. Favre né en 1928)
En conséquence, Robert, a émigré aux Etats-Unis où il a fait souche, il a payé son voyage en bateau en s’engageant comme cuisinier pour la traversée. Je n’ai pas encore trouvé la date exacte de son départ mais c’est avant 1914. Il est venu en visite en Suisse vers 1950. Sa maman Honorine qui avait alors 90 ans ne l’a pas reconnu suite à cette longue absence.
Si actuellement traverser l’Atlantique se fait en moins de 24 h. à cette époque le meilleur vapeur mettait entre 7 et 10 jours. A cela il faut rajouter le trajet Chamoson-Le Havre 650 km et New-York Detroit 800 km.

La famille M.*********** :

Félix M.************ 1862-1912
Honorine 1863-1953

Robert 1889-1975 USA
Paul 1890-1934
Odile 1893-1988 USA
Léonce 1897-1967 BELGIQUE
Albertine 1900-1983
Anna 1902-1994 CANADA SUISSE
André 1904-1989
René 1905-1992 CANADA

Grugnay, le 29 décembre 2000 Joachim Carrupt Modifié le 26 juin 2024

Detroit 3---15---45
Chere Albertine
Le devoir que l’usage m’impose a ce jour est bien doux a mon cœur puisqu’il fournis l’heureux a propos de te parler de tendress et respect pour tous ce que tu le merite et mon inclinaison m’impose la douce loi de venir te presante mes sinceres compliments pour l’annee 1945 et que des epenchements de jois et de bonheur vous suis dans tous le cours de l’annee. Cher Albertine J’ai bien esite at t’ecrire car je me sent come un etranger a la maison. J’ai ecrit bien souvent a la maison mais sans reponce. Mais comme je sais que tu est la plus fine et capable a ecrire et pensent que nous avons encore des liasons d’amitier je prend la liberty de pensee que vous serey asay gentil a m’honore d’une reponce. Je vais envoyer d’argents en Suiss pour la maman en conjonction avec Odile je v’ai metre qu’elque chose en plus pour ta peine. Donc je conte sur ta officieuse bienveillance pour nous donner des novelles de notre mere. Parle beaucoups coment vous avey passe ces trois dernier annees, Parle de ta famills de ton Marie de tes enfants d’Anna D’ANDRE du paye en general. Come j’ai dit dans la lettre de maman que l’etee dernier, je suis ete faire une visite chez Rene a Cherbrooke Quebec Canada c’est un beau paye mais pas d’argent alors moi et Odile on l’a fais venir a windsor il he a seulement la riviere qui nous separe, Mais comme Rene n’est pas citoyen il n’a pas la chance de nous visiter mais nous on le visite souvent. Il gagne maintenant le double de Sherbrooke On lui a avance l’argent pour qu’il achete une maison pour sa famille c’est une maison double (Duplex) il loue d’un cote et demeur de l’autre come cela il fait sa rent. Le jour de noele a’ete une precieuse meditation pour les enfants car il on eu leur premier arbre de noel. On leur a offry beaucoup de cadeaux insi qu’est est été fair la faite chez lui, tous le monde c’est bien amusez. Combien j’ais de la jouisance qu’an je vais chez Rene, on parle de CHAMOSON et de tous ces nons famillier qui paraise come un rêve de renaisance de ma tendre jeuness ces doux souvenir qu sepenche come un magique carpet avant ma memoire. Moi et Rene on est 16 ans de diference mais lorsqu’on parle de la SUISS on dired qu’il i a un ciecle qui nous separe. CEUS qu’il connais je ne les connais pas, et les gents de mon temps lui passe inconu, Alors on a recour a Odile mais ell a aussi beaucoup oublier. C’est bien ici que notre MERE pouras nous rafrechire la memoire et deciper ce mirage d’un age eloigne qui aflige notre pensee DANS ma solitude souvent je a la SUISS ou j’ais passe les plus beaux jour de ma vie. Je pense a notre MERE lequ’ell je fier d’etre nee sous son auspice, ell nous a ensigne la sagess, nous a semee la vertue dans nos coeurs,ell nous a done les plus sages conseills. Elle n’a jamaismanquee au devoir sacree d’une MERE. Lequ’ell j’ai bien juree de ne jamais la démérite. See je vais en SUISS ce serais seulement por la voire insi que mes freres et sœur et leurs famills qu’ant au gent il serons bien changee touts la junness me seras inconu, exepte ceus de mon age et peut etre qu’elque viellards. RENE me dit que tu a un bon mary et des joly enfants alors parle moi beaucoup d’eus. Chere Albertine des circoncstance inprevu mon reduis dans l’inabilitee ces dernieres annees de tentretenire de ma pensee, mais mintenant que les temps on changee et que la vois va direct en SUISS je vais tacher de redoubler mes efforts de me raproche de toi, quique sur un papier froid, mais,dans mon imagination il paraitras de vive vois. Les fautes dans ma dictee a toujours ete ma plus grande faibless, mais je conjure qu je suis favorizee d’avoir un cœur sensible, et qu’ant je t’ecrit ou a la MERE je fais que de suivre sa dictation. Pour le moment tous va bien ici, mais l’annee derniere ma famme a ete aflige d’une maladie qu’on appel exema, ell a eu des demengeson dans tous le corps sa a duree 4 mois, alors pense conbien ell a du souffrire ell a diminuee plus de 15 livres ell va mieu maitenant mais ell n’a pas encore mi du pois et ell est restee nerveuse, cet des chose qui nous frape toujours dans l’ombre et qu’on ne peus ni aretee ou parree. Tous va bien chez RENE dimanche on et ete les voirs et la petite SUZANE comancais a marcher RENE a trois filles et un garcon il son tous gentil et joly. J’ais achete une grande maison croyans que tous mes enfants demeure avec moi, mais les voilas tous mariees et party Je me trouve de nouvaux tous seul avec ma famme. Je ne sais coment fair si je dois la vendre et acheter une autre plus petite. Chère Albertine, de tous mes copins de ma jeunness il i a seulement un qui est toujours resté cher a mon cœur. C’est LEOPOL GIROUD, j’ai toujours admiré son bon cœur son noble caractere donne lui mes sinceres regares, dit lui que sentiments on j’amais change, mais s’il sont change se serons dans l’intensite de leur felicites. CHERE ALBERTINE Combien doit tu etre heureuse d’eleve ta famille dans un paye qui n’a jamais de guerres, ous il ne vienne pas arracher les enfants de tes bras, et derober la loi sacre de vivre a ces pouvres creatures. Conbien de millions de meres qui sont aflige audelas de touts expressions par la perte de leur fils sur le chanp de batail ces cruel situation ce rencontre tous les jours dans les familles ici il sons inconsolable et ireparable, Il he a mintenent plus de trois ans que ARMAND est en guerre les inquetude son terifique on vis que dans l’espoir de les revoire. Dans la premierecampagne des PHILippine trois Bateaux son cole sous ces pieds mais come il est un bon nageure, trois fois il s’ai sauve la vie. Il est revenus au ETATS le 2 decembre 1942 Aprais un mois de conge il l’on envoiye a NEW-YORK a l’ecole d’officies pour un an, maintenant il est de nouveau au PHILIPPINE. Il est deuxieme en comende sur un (Destroyer) Bateau de guerre American. ARMAND est un homme courageux et fort, mais pour tous ces 6 pieds il a un cœur sensible, il me dit que sa luis fais rien de souffrire, mais ca lui fais beaucoup de peine de voire les autres soldas souffrire apres la batail. Dans sa derniere lettre il me dit qu’il comence a etre fatiguee de la guerre comme tous ces pouvres soldat leurs seul desire c’est de finire ce carnage le plus vite posible et retourner au foyee dans les bras de leurs meres femmes et fiancee. Ma fille ARLINE a ete chanceuse come son marie fais du travail special pour la defence n’est pas ete apelle mais le mariee de JUNE a ete apelle il est maintenant dans le PACIFIC alors tu vois que notre demeure est bien represanté das cest guerre terestre en fournisans deux acteures. Chere ALBERTINE tous va bien chez nous pour le moment, et permais moi de clure ce conpliment de ma pence qu’a te dire conbien tu m’ai chere, et je n’ai pas la forse de t’exprimere touts lamitier que tu m’inspire Ton Frère et soeure
Mr&Mrs Robert M.*******

Lettre des usa 1945 l’original

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